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Développement local par des actions culturelles et économiques dans une petite commune rurale du périurbain

03 Mar 2020 in

19330 CHANTEIX
France

En 1995, lors de l’élection du Maire actuel, M. Jean Mouzat (Homme très engagé dans la vie locale, exploitant agricole et Président du syndicat agricole MODEF à cette époque), un audit a été lancé sur la commune. Les indicateurs ont été tous négatifs : • un déclin démographique (passage programmé sous la barre « symbolique » des 500 habitants), • une population vieillissante, • la fermeture de tous les commerces, • des exploitants agricoles sans repreneurs, • un abandon du bourg, • un déclin associatif. Au titre du positif ressortaient : • un cadre de vie attractif, • une amélioration des voies de communication, (A 89 en projet, A 20 en phase d’achèvement), • un attachement fort des habitants à la commune, • une volonté locale de « faire quelque chose ». Une réflexion a été menée avec les habitants. Deux pistes ont été proposées par les élus: • créer des lotissements (mode de développement adopté par de nombreuses communes du territoire). Cette option aurait permis de relancer rapidement la démographie. Il y avait une demande conséquente de logements individuels en dehors de la ville-centre de Tulle pour des populations souhaitant des maisons individuelles « à la campagne » avec de grandes parcelles. Elle n’aurait probablement été initiatrice d’une dynamique de village et d’un vrai projet à long terme, • lancer un projet global participatif autour d’une activité fédératrice (la culture) adossée au local et à l’agriculture. La seconde option a été choisie par les élus et validée les habitants. Les graphiques montrent qu’elle a déclenché une relance démographique conséquente. Elle a également permis de changer l’image de la commune et de recréer une dynamique de village (associations, commerce…) grâce à l’arrivée de familles jeunes attirées non par un habitat individuel périurbain mais le projet de vie collective porté par la Mairie. Le projet comporte plusieurs dimensions et a été conduit en plusieurs étapes. Logement : les élus ont recensé tous les logements vides ou loués un seul mois de l’année (la commune attirait une population touristique hollandaise présent un mois par an). Ils ont rencontré les propriétaires et incité par les dispositifs à vendre ou à louer. Ils y sont parvenus. Ils ont fait appel à un SCIC de HLM (La « Coprod » d’Ussel) pour l’aménagement de deux ensembles locatifs. Projet culturel : comme nombre de communes, le village manquait d’une salle. Au lieu d’une salle polyvalente comme il en existe partout ailleurs, les élus ont sollicité un architecte tulliste pour le projet ambitieux qu’est une salle culturelle adossée à un bâtiment corps de ferme racheté par la Mairie. L’architecte a dessiné une salle moderne, liée au bâtiment ancien avec des matériaux nobles (les élus et habitants ont eu à choisir la pierre - éliminée car trop onéreuse - le cuivre - éliminé car trop remarquable dans le paysage - et le zinc finalement choisi). Cette salle a été aménagée pour servir à la fois d’équipement polyvalent et de salle de spectacle (avec scène, gradins, qualité acoustique, matériel pour régie…). Le coût était de 460 000 € (financés au tiers par des subventions de l’Etat et de la région, au tiers par la commune et au tiers par un emprunt). Cette réalisation s’est faite en parallèle de la relance du « festival aux champs » porté par l’association « Tuberculure ». Ce festival né en 1987 dans cette commune à forte tradition festive était en sommeil par manque de lieu et de soutien municipal. L’association, portée par un enfant du village et élu municipal s’est reconstituée en 1995 et a pu reprendre son objectif qui est de réunir au cœur du mois d’aout des chanteurs, créateurs locaux mélangés à des vedettes nationalement reconnues. Ce festival rassemble chaque été, en plein cœur du mois d’aout, dans un villages de 600 habitants, des milliers de visiteurs venus écouter de la musique, de la création et participer à une ambiance festive faite de tradition (repas servis à base de produits locaux) et de modernité. La salle nommée « la boite en zinc » a permis de prolonger le festival par une programmation tout au long de l’année y compris l’hiver. Chanteix est devenue la capitale régionale de la culture en milieu rural et les habitants sont les acteurs bénévoles de cette manifestation et de cette ambiance unique. Activité économique et aménagement du bourg : les habitants ont été invités à participer à des ateliers de réflexion menés avec un urbaniste et les techniciens de l’intercommunalité. Le sujet posé était : comment voyez-vous la commune dans 10 ans, dans 20 ans ? Il en est ressorti un besoin d’un lieu commercial de proximité et convivial et d’une recherche d’activité économique en plus de l’aspect culturel et du développement de logements unanimement reconnus comme réussis. La Mairie a racheté des maisons anciennes dans le bourg (les Maisons Jacquet et Poumier) et a eu la chance de recevoir en leg un corps de ferme (la maison Jean Carou). Il été décidé d’installer dans deux propriétés du centre bourg: • une activité agricole locale dans la maison Jean Carou, • un commerce – traiteur de proximité dans la maison Jacquet. Pour ces deux activités, les élus sont allés à la recherche de couples de jeunes porteurs de projet hors de la région. La Mairie a financé les travaux (sur fonds propres, par l’emprunt et avec des subventions) et a facilité l’installation des porteurs de projets par des conditions très favorables (loyers, aides..). Elle a accompagné leur naissance et continue à aider à leur développement. Ce projet global (qui a remporté la Marianne d’or en 2001 pour son volet culturel) a permis de relancer la dynamique de la commune et l’implication citoyenne des habitants. Il montre que les territoires périurbains de la ruralité ne sont pas condamnés au déclin.